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et son cœur lui dit que si son œuvre avait été proscrite, elle l’avait été par celui qui lui-même était en ce moment proscrit. – Il refuse le succès promis à l’Intrigante. Il fait plus, il défend la cause impériale vaincue, il attaque le vainqueur, il dirige et soutient contre lui ce premier feu d’une opposition naissante (et qui pour cela, sans doute, prit pour image un nain symbolique). Il travaille à prédire, peut-être à préparer ce retour presque magique de l’île d’Elbe, qui fut sans doute la plus grande émotion de la vie la plus puissamment émue de notre siècle, et ne se venge du conquérant qu’en s’exposant à un long exil dont le coup effleura de bien près sa tête.

Voilà, certes, une noble revanche contre l’empire, Messieurs, et d’une de ces âmes de poète toujours entraînées au dévouement par une sensibilité naïve, par de chaudes et presque involontaires affections.

On a loué naguère une autre vengeance qu’il exerça ; vengeance lente et sûre, celle d’une opposition patiente, persévérante, spirituelle toujours, éloquente souvent, et qui dura seize années.

De ces deux vengeances, Messieurs, j’avoue que je préfère la première, estimant plus la loi du sacrifice que celle du talion.

Les idées aujourd’hui font des pas aussi