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tour sur la scène et sur la masse de cette assemblée convoquée pour juger, approche de cette froide pierre de touche l’or suspect du poète. Il voit s’ouvrir, devant lui, la maison sévère et calme d’un riche commerçant de Paris. Une femme, la belle-sœur de ce grave personnage, y a jeté le trouble, le bruit, le luxe en son absence. Elle a brisé le mariage qu’il voulait pour sa fille, et que sa fille souhaitait dans son cœur ; elle a ourdi une intrigue profonde et veut donner la jeune enfant et ses richesses à un homme de cour. – L’honnête homme revient chez lui et s’étonne. L’Intrigante a tout renversé au nom de la cour. Il refuse ce mariage nouveau, elle le menace de la cour ; on lui fera savoir, dit-elle, ses volontés suprêmes ; balancer un instant à obéir, c’est lui manquer.

Étrange dialogue où l’énergique marchand répondit :

On abuse aisément du nom le plus auguste,
Quoi ! l’on manque à la cour quand on la croit injuste ?

Pendant les luttes de cette scène, les spectateurs silencieux regardaient avec effroi le spectateur impassible. – Eux et lui se demandaient quel était cet être abstrait et toujours accusé que l’on nommait la cour. L’un se