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et du cœur humain, celui qui composa l’histoire réelle de Jacques II et de ses filles.

On avait évoqué une ombre, mais bien en vain ; ce n’était même pas l’ombre d’un homme de talent. Un procès tout entier s’ensuivit, procès littéraire dont le dossier est fort considérable, et dont vous me pardonnerez volontiers, j’en suis sûr, de ne pas être le rapporteur posthume ; car le procès n’est plus, et les Deux Gendres ne cesseront d’exister et de tenir leur rang parmi les meilleures comédies dont notre dix-neuvième siècle ait à s’honorer depuis sa naissance.

L’arrêt du public fut alors résumé ainsi par un critique : « M. Étienne a tué le jésuite, et, par ce meurtre, est devenu son héritier légitime. »

Au reste, Messieurs, je dois le dire, c’était un janséniste qui disait cela.

Pour que la cause fût jugée en toute équité, on avait imaginé (ce n’étaient pas, je pense, les meilleurs amis de l’auteur) de faire représenter à l’Odéon ce Conaxa exhumé, tandis que la Comédie-Française représentait les Deux Gendres. – Pour ces sortes de personnes qu’afflige un trop grand succès, c’était une consolation délicatement ménagée. Ceux que mécontentait le plaisir que le public avait trouvé sur la rive droite n’avaient qu’à passer les ponts