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On le sait, la couronne de la rosière est encore pleine de fraîcheur, sinon de pureté.

J’ai devancé quelque peu l’époque de cet opéra, afin de quitter la musique pour toujours, ainsi que l’auteur de Joconde.

Mais un art plus grave s’était fait pressentir, je l’ai dit, dans les œuvres de M. Étienne. Déjà Brueis et Palaprat, comédie écrite en vers dont le style est facile et vif, annonçait que l’auteur pouvait, s’il le voulait enfin, se recueillir pour écouter la muse lorsqu’elle lui conseillerait d’entrer dans l’analyse sérieuse et intime des idées et des caractères, et lorsqu’elle viendrait à ses côtés faire résonner le rythme divin. – Dans cet acte bien composé, où toutes les proportions sont mesurées, sans efforts apparents, où le caractère du duc de Vendôme est opposé et lié dans un juste degré à ceux des deux fraternels écrivains dont la mansarde est si gaie et si généreuse, il entrait dans l’art pur en peignant la vie d’artiste. Cette courte comédie ne doit-elle pas être à nos yeux l’introduction des Deux Gendres ?

Vingt-deux pièces de théâtre de la main de M. Étienne avaient précédé cet ouvrage, le plus important de tous par le travail et le plus brillant par le succès. Un talent plus mûr s’y montre, une composition plus sévère et des mots plus profonds, avec une verve aussi