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entre deux amis ; ainsi dans la Jeune femme colère, que l’on écoutait hier à Paris, qu’on verra demain à Londres, qui touche de près à une conception de Shakspeare et que l’on joue souvent traduite en anglais, sans trop redouter le voisinage de Catherine de Petrucchio (Taming of the Shrew), ce qui en est un assez grand éloge. Quelquefois ce sont des intrigues compliquées, des imbroglios du genre de ce qu’on non¹me en Espagne drames de cape et d’épée, comme les Maris en bonne fortune ; des contes de fëes et des mille et une nuits, comme Cendrillon et Gulistan, que jamais peut-être n’abandonnera ce théâtre formé de comédie et de musique qu’il aima plus que tout autre.

Cet esprit léger vole et se porte sur toute fleur qui le charme. Le miel qu’il compose devient chaque jour plus exquis, son vol s’élève aussi à chaque coup d’aile. – Il était presque impossible que des livres de mademoiselle Clairon et des contes de Voltaire il ne sortît rien pour l’opéra-comique. Aussi vinrent Jeannot et Colin, les deux Auvergnats se tenant par la main, frais et dispos, l’un sauvé par l’autre des vanités de Paris, et retournant aux affections de son enfance dans la montagne :

On leur battit des mains encor plus qu’à Clairon.