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Il avait, comme je l’ai dit, au plus haut degré, ce que le cardinal Mazarin exigeait des hommes qu’il mettait aux affaires : il était heureux.

Ce n’est pas seulement en France que l’on se souvient du camp de Boulogne ; de ce grand orage qui s’amassa et gronda sur les bords de la mer pour aller éclater et tomber sur Austerlitz. – Une colonne de marbre est sortie de terre pour attester une seule menace de la France, de même qu’une de ses indignations vient d’en faire sortir ces fortifications qui, si elles n’ont jamais, comme je le souhaite, l’occasion de prouver sa force, attesteront du moins toujours l’opulence de ses souverains caprices.

Un matin donc, au camp de Boulogne, l’armée regardait vers la mer, et même au delà. Tous nos ports étaient bloqués, et cependant on vit arriver des voiles ; elles étaient nombreuses : c’était une flotte, et une flotte française ; elle venait d’Anvers ; elle avait traversé les croisières ennemies avec une grande audace et une fortune inespérée. – L’armée, impatiente et oisive, voulut donner une fête à la ville et aux vaisseaux. – Le jeune improvisateur fut prêt avant les flambeaux. On joua de lui une comédie toute ardente d’espoir, et dont le langage n’avait de celui du camp que l’enthousiasme. Ses couplets sur les brûlots furent