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à la liberté. On s’étourdit avec des grelots. La chanson vit encore ; le vaudeville la porte comme une fleur à son côté, appelant à son aide la jeunesse dorée. – Une voix répond des premières à l’appel : c’est celle du jeune Étienne. – Sur les bords de la Meuse, élevé d’abord par un vieux et savant curé, puis au collége de Bar-le-Duc, il n’a point appris à composer des choses si profanes que ces chansons. Mais à Paris (où l’on apprend beaucoup), il a déjà connu une imposante et très-dramatique personne qui, dans sa vieillesse, l’accueillait avec des sentiments tout maternels. C’était la grande tragédienne de Voltaire, mademoiselle Clairon, qui lui légua sa bibliothèque, comme à Voltaire enfant Ninon avait légué la sienne. – On voit que le théâtre faisait les premiers pas vers lui. – Des feuilles de ces livres moqueurs sont sortis sans doute les esprits familiers de la comédie et du journal qui, toute sa vie lui parleront à l’oreille.

Dès lors, il se comprend, il laisse un libre cours à sa plume qui, à peine échappée du collége, s’échappe joyeusement du bureau, prison bien plus sinistre.

Il se connaît, il se sent appartenir à la plus vive des deux familles d’âmes supérieures dont je viens de parler. Il est improvisateur. Il le sait si bien, que ces nombreuses et courtes œuvres