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CHANT III.

Sans venir de son cœur, des pleurs fallacieux
Paraissent tout-à-coup sur le bord de ses yeux.
La Vierge dans le Ciel n’avait pas vu de larmes,
Et s’arrête ; un soupir augmente ses alarmes.
Il pleure amèrement comme un homme exilé,
Comme une veuve auprès de son fils immolé ;
Ses cheveux dénoués sont épars ; rien n’arrête
Les sanglots de son sein qui soulèvent sa tête.
Éloa vient et pleure ; ils se parlent ainsi :



 Que vous ai-je donc fait ? Qu’avez-vous ? me voici.
— Tu cherches à me fuir, et pour toujours peut-être.
Combien tu me punis de m’être fait connaître !
— J’aimerais mieux rester, mais le Seigneur m’attend.
Je veux parler pour vous, souvent il nous entend.