Page:Vigny - Éloa, 1824.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
ÉLOA.

« Car je t’ai vue un jour. Parmi les fils de l’air
« Je me mêlais, voilé comme un Soleil d’hiver.
« Je revis une fois l’ineffable contrée,
« Des peuples lumineux la patrie azurée ;
« Et n’eus pas un regret d’avoir quitté ces lieux
« Où la crainte toujours siège parmi des Dieux.
« Toi seule m’apparus comme une jeune étoile
« Qui de la vaste nuit perce à l’écart le voile ;
« Toi seule me parus ce qu’on cherche toujours,
« Ce que l’homme poursuit dans l’ombre de ses jours
« Le Dieu qui du bonheur connaît seul le mystère,
« Et la Reine qu’attend mon trône solitaire.
« Enfin, par ta présence habile à me charmer,
« Il me fut révélé que je pouvais aimer. »