Page:Vigny - Éloa, 1824.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
ÉLOA.

« Vers le ciel étoilé, dans l’orgueil de son vol,
« S’élance le premier l’éloquent rossignol ;
« Sa voix sonore, à l’onde, à la terre, à la nue,
« De mon heure chérie annonce la venue ;
« Il vante mon approche aux pâles aliziers,
« Il la redit encore aux humides rosiers ;
« Héraut harmonieux, partout il me proclame ;
« Tous les oiseaux de l’ombre ouvrent leurs yeux de flamme.
« Le vermisseau reluit ; son front de diamant
« Répète auprès des fleurs les feux du firmament,
« Et lutte de clartés avec le météore
« Qui rôde sur les eaux comme une pâle aurore.
« L’étoile des marais que détache ma main
« Tombe et trace dans l’air un lumineux chemin.


« Dédaignant le remords et sa triste chimère,
« Si la Vierge a quitté la couche de sa mère,