Page:Vigny - Éloa, 1824.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
CHANT II.

« Es-tu venue, avec quelques Anges des Cieux,
« Admirer de mes nuits le cours délicieux ?
« As-tu vu leurs trésors ? Sais-tu quelles merveilles
« Des Anges ténébreux accompagnent les veilles ?


« Sitôt que balancé sous le pâle horizon
« Le Soleil rougissant a quitté le gazon,
« Innombrables esprits, nous volons dans les ombres
« En secouant dans l’air nos chevelures sombres :
« L’odorante rosée alors jusqu’au matin
« Pleut sur les orangers, les lilas et le thym.
« La nature, attentive aux lois de mon empire,
« M’accueille avec amour, m’écoute et me respire ;
« Je redeviens son ame, et pour mes doux projets
« Du fond des éléments j’évoque mes sujets.
« Convive accoutumé de ma nocturne fête,
« Chacun d’eux en chantant à s’y rendre s’apprête.