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CHANT II.

Ce bruit lointain devint un chant surnaturel,
Qui parut s’approcher de la fille du ciel,
Et ces feux réunis furent comme l’aurore
D’un jour inespéré qui semblait près d’éclore.
À sa lueur de rose un nuage embaumé
Montait en longs détours dans un air enflammé,
Puis lentement forma sa couche d’ambroisie,
Pareille à ces divans où dort la molle Asie.
Là, comme un Ange assis, jeune, triste et charmant,
Une forme céleste apparut vaguement.


Quelquefois un enfant de la Clyde écumeuse
En bondissant parcourt sa montagne brumeuse,
Et chasse un daim léger que son cor étonna,
Des glaciers de l’Arven aux brouillards du Crona,