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CHANT I.

Les Vierges quelquefois pour connaître sa peine
Formant une prière inentendue et vaine,
L’entouraient, et prenant ces soins qui font souffrir,
Demandaient quels trésors il lui fallait offrir,
Et de quel prix serait son éternelle vie,
Si le bonheur du Ciel flattait peu son envie ;
Et pourquoi son regard ne cherchait pas enfin
Les regards d’un Archange ou ceux d’un Séraphin.
Éloa répondait une seule parole :
« Aucun d’eux n’a besoin de celle qui console.
« On dit qu’il en est un… » Mais détournant leurs pas,
Les Vierges s’enfuyaient et ne le nommaient pas.


Cependant, seule un jour, leur timide compagne
Regarde autour de soi la céleste campagne,
Étend l’aile et sourit, s’envole, et dans les airs
Cherche sa Terre amie ou des astres déserts.