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ÉLOA.

Cherchait quelque nuage où dans l’obscurité
Elle pourrait du moins rêver en liberté.


Les Anges ont des nuits comme la nuit humaine.
Il est dans le ciel même une pure fontaine ;
Une eau brillante y court sur un sable vermeil.
Quand un Ange la puise, il dort, mais d’un sommeil
Tel que le plus aimé des amants de la terre
N’en voudrait pas quitter le charme solitaire ;
Pas même pour revoir dormant auprès de lui
La beauté dont la tête a son bras pour appui.
Mais en vain Éloa s’abreuvait de son onde,
Sa douleur inquiète en était plus profonde ;
Et toujours dans la nuit un rêve lui montrait
Un Ange malheureux qui de loin l’implorait.