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il pouvait exploiter auprès de madame d’Ormessant un avertissement aussi précieux : mais la jeune femme avait-elle de l’argent ? mais pourrait-il désormais la soustraire à la surprise d’un mari dont toutes les défiances étaient éveillées ? Cela devenait peu probable : or madame d’Ormessant, une fois prise, ne donnerait plus mille francs par mois, et M. d’Ormessant, réduit à se servir lui-même, ne donnerait certainement pas deux mille francs à un serviteur inutile : et infidèle… D’ailleurs la réputation de l’espion pouvait être fort abaissée par l’insuccès de cette affaire, et son double jeu mis au jour, dans un certain milieu, pouvait lui faire perdre toute sa clientèle… Et puis, on le sait, il avait été blessé de la hauteur avec laquelle la femme adultère lui avait jeté son or enveloppé dans son mépris.

— Monsieur, dit-il le lendemain au mari trompé, l’amant de votre femme s’appelle Miguel de Servas, il a loué rue du Dauphin, n° 6, une chambrette, sous le nom de Martin, c’est là que madame d’Ormessant va tans les jours.



VI

Soudain elle devint pâle : les battements de son cœur s’arrêtèrent :

— Miguel ! on a frappé ! s’écria-t-elle.