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maladresses ! — Pendant ce temps-là, le mari courait la ville, s’informait, suivait les traces, trouvait les pistes. À six heures il rentrait, et il n’y avait qu’à le voir pour comprendre que tout l’échafaudage savant des mensonges et des complaisances était écroulé.

— Je me bats demain matin à sept heures avec M. Gaston de Rouan, dit-il.

Madame de Langlerie eut une attaque de nerfs. Monsieur s’enferma chez lui pour mettre ordre à ses affaires. J’ai soigné l’une, qui sanglote encore, et j’ai essayé vainement de raisonner l’autre… — Et voilà pourquoi, mes chers amis, je vous suis arrivée à neuf heures au lieu de venir m’installer à six heures dans votre joli ménage !

— Ah ! dit M. d’Ormessant, Langlerie se bat avec l’amant de sa femme ? l’imbécile ! Il sera curieux de voir ce petit bretteur de Rouan le mettre sur le pré, pour l’achever de peindre ! C’est vraiment en pareil cas qu’on fait bien de rire des maris trompés !

— Il tuera peut-être M. de Rouan ?

— Oui ; mais il sera peut-être tué, et, vrai Dieu ! ce serait bien fait !… Un mari, un père, un citoyen, jouer sa vie pour une… allons donc !… Des fleurets en pareil cas ? un combat à armes égales ? Raillerie !

— Eh ! quoi donc ?

— Une arme qui tue toujours, — sans effusion de sang : — le Code civil.