Page:Vignon - Un naufrage parisien.djvu/346

Cette page n’a pas encore été corrigée

ture mondaine, ne s’adressait-elle pas, en réalité, à madame de Cheverus, dont la haute et sereine vertu, dont la vraie charité, s’étaient faites palladium pour couvrir sa honte et protéger sa retraite sur la route de perdition ? dont la puissance, noblement conquise, l’avait arrachée à la dégradation et au désespoir, lui conservait sa fille et lui rendait la réhabilitation possible ?

— Adieu, Paul, dit-elle ensuite ; nous ne nous reverrons plus en ce monde, bans doute, et je n’aurai d’autre moyen de vous témoigner ma reconnaissance que de la dire à Dieu. Mais je vous laisse une noble amitié, celle de madame la marquise de Cheverus, qui sait ce que vous valez, et dont la seule estime est une récompense.

— Vous partez ? balbutia Paul, dont la voix s’altéra, dont les yeux, malgré sa vive énergie, s’emplirent de larmes.

— Oui, mon ami. Et pourquoi ne vous dirais-je pas où je vais ? Pourquoi vous dissimulerais-je l’avenir que madame de Cheverus m’a préparé, et vers lequel je cours avec reconnaissance, résolution… bonheur…

» Je ne vais pas loin : à dix lieues de Paris seulement. Je quitte ce couvent, que j’ai profané, pour un autre d’un ordre plus sévère, où l’on ne saura rien de mon passé, et dont les religieuses consacrent leurs soins à l’éducation des jeunes filles. Elles élèveront