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rité dont elle avait fait preuve, depuis quelques jours, en conservant à madame d’Ormessant un asile respectable ; Lucie, faisant une amende honorable qui était sa première étape sur la route de l’expiation.

En sortant de chez la digne supérieure, elles descendirent au parloir, où madame d’Ormessant avait aussi des remerciements et des aveux à faire. Elle s’approcha de madame Desvignes d’abord, peut-être parce que son cœur la poussait violemment vers Paul, et, avec une humilité si haute qu’on eût dit la confession d’une reine, elle lui demanda pardon : d’abord de l’avoir abusée par les dehors menteurs d’une fausse vertu, ensuite, d’avoir profité de ses bons offices auprès de M. d’Ormessant, alors qu’elle savait déjà l’affreux scandale qui se préparait dans l’ombre ; enfin, de l’avoir conduite jusque devant le tribunal correctionnel.

En s’accusant ainsi, la pécheresse tremblait. Il lui en coûtait, en effet, de cqurber le front devant une femme dont le caractère ne lui inspirait ni estime, ni sympathie ; que nulle charité, d’ailleurs, n’avait amenée à se mêler de ses affaires, et qui, en dernier lieu, ne s’était montrée à la police correctionnelle que pour y être vue en compagnie de la marquise de Cheverus.

Mais n’était-ce pas là, précisément, qu’était la valeur de l’acte de Lucie, et, en parlant ainsi à la veuve ambitieuse, qui ne songeait à rien autre qu’à asseoir son influence et à se constituer une sorte de magistra-