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XXIII


Après le départ de la marquise, Lucie éprouva un apaisement étrange. Son cerveau cessa d’enfanter des idées incohérentes, exagérées et douloureuses : son sang de bouillonner brûlant dans ses veines. La fièvre tomba enfin, et je ne sais quel calme consolant entra dans son âme en même temps que dans ses veines.

La confession fait quelquefois du bien.

Elle en avait assez, la pauvre créature, de porter seule le poids de ses passions, de ses remords, de ses douleurs !

Que lui importait, d’ailleurs, ce que la marquise allait faire d’elle ? Une idée seulement lui était insupportable : celle de retourner au foyer conjugal, et cette idée était écartée. Non ! décidément, elle n’aurait pas pu se faire à ce martyre… et un irrésistible besoin d’expansion l’aurait jetée à un nouvel amour… Mieux valait une retraite absolue, si tel devait être son sort. Elle se souvenait, avec une sorte de bien-être moral, de sa retraite à Cormeilles, et de ce deuil passé solitaire sous les grands arbres, et de cette douleur, d’a-