Page:Vignon - Un naufrage parisien.djvu/240

Cette page n’a pas encore été corrigée


XVIII


— Et voici la plus élégante des Parisiennes ! s’écria la veuve en entrant chez son amie, en s’accommodant, tant bien que mal, dans un vieux fauteuil de velours d’Utrecht, et en jetant autour d’elle des regards désolés sur le papier gris à ramages rougeâtres et blanchâtres, sur les cadres de bois noir qui sertissaient une madone mal enluminée, un saint Joseph d’Épinal, un portrait du père Ravignan et une Madeleine en tapisserie de soie, brodée au petit point ; sur la glace étroite et tachée, les rideaux de damas déteint, le canapé rigide, aux’bras de bois, tout cet ensemble enfin, qui, malgré des prétentions mondaines, portait rempreinte claustrale.

— Ah t que font ces choses au bonheur ou au malheur ?

répondit Lucie. — Rien d’extérieur n*a jamais 

eu de prise sur mon âme, et ce ne sont point les meubles pauvres et incommodes qui rendent ce séjour triste...

— Je le comprends, interrompit madame Desvignes, — profitant du joint qui s’offrait de lui-même :

— la solitude du cœur, la dissolution des liens les plus chers et les plus sacrés sont de bien autres sudby