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sentiments qui s’ignorent ; mais, leur étude faite, ils estompent du doigt les traits du modèle et laissent les curieux en échec devant des linéaments incertains ou une ombre décevante.

J’aime mieux cette école, et voilà pourquoi, vous livrant l’âme et la vie de mon héroïne, je ne vous peindrai pas son visage. Non ! — Je sais bien que je pourrais la maquiller un peu : là du rouge… ici du blanc… vers les tempes, quelques veines bleues…… — Allons ! elle en serait défigurée, voilà tout.

Or si je ne la veux pas nommer en la décrivant trop bien, je la veux encore moins contrefaire ! — Car, en même temps que la pudeur, nous avons, nous autres artistes, la coquetterie littéraire…

D’ailleurs, je m’en rapporte à vous, lectrice. Quand vous allez de par la ville, à pied, vous mettez volontiers un loup sur votre gracieux visage… Un petit loup de tulle, fin comme de l’air tissu, et semé de pois mats qui agacent les yeux indiscrets en rompant les lignes effaçant les contours, et posant, çà et là, des mouches coquines. Mais vous n’y mettriez pas un simulacre.