Page:Vignon - Un naufrage parisien.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelle, croyez-le bien ! — « faites-moi belle ! Prenez, au besoin, les modèles qu’il faudra pour perfectionner les formes ; mais, quant à la tête, qu’elle soit d’une ressemblance frappante. »

Inutile de dire qu’elle n’était pas jolie, n’est-ce pas ?

« Surtout, dit l’autre, oh ! je vous en prie, maître, faites-moi une tête grecque, une tête sans ressemblance, une tête impersonnelle, pour ainsi dire, et que nul au monde ne puisse me reconnaître, hormis… »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Eh bien, ces deux prières, nées de sentiments si différents, me semblent devenues les points de départ de nos modernes réalistes. Ceux-ci, volant un triste secret à la photographie, ajustent une tête connue sur un corps emprunté ailleurs. Ceux-là, profitent des modèles qui s’offrent, parfois, même, cherchent ceux qui se cachent ; surprennent la ligne qui ondule et frisonne, la couleur qui chatoie, la passion qui anime et transforme : fouillent les cerveaux et les cœurs pour scruter la pensée inconsciente et analyser les