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sans hésitation. Il y a une pudeur littéraire. Et, bien qu’à notre époque réaliste, l’amour du vrai soit si puissant et les curiosités si ardentes, que l’écrivain n’hésite plus à arracher le dernier voile à son modèle, que les lecteurs ne s’effraient plus de la nudité palpitante, cependant, il est encore une délicatesse intime qui se révolte, alors que sur la figure d’étude vous écrivez un nom, alors que vous arrachez, en même temps, le vêtement au corps et le masque au visage !

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J’ai vu chez Pradier, mon maître, jusqu’à deux femmes — du monde ou à peu près — qui, plus fières que jalouses de leur beauté, jettèrent bas toutes draperies importunes, pour demander au plus illustre statuaire de l’école française leur portrait en pied.

À sa demande, chacune des deux femmes qui osaient ambitionner un tabouret à la cour où règne triomphante la princesse Pauline Borghèse, de par la grâce de Canova, joignit une recommandation qui en caractérisait l’esprit et en soulignait l’intention.

« Surtout, dit l’une, « — et je ne vous dirai pas la-