« — Ainsi donc, Mlle Ernestine ?… — Je n’en sais rien ! On me l’a dit. — Qui, on ? — Ma foi, j’ai oublié ! tout le monde ! — Mais encore ? quelle voix a porté la parole ? — Je crois que c’est X ! »
Courez, cherchez ; vous ne trouverez ni une certitude, ni une personnalité à étreindre. — Tout vous échappera ; seulement, Mlle Ernestine sera condamnée sans appel. Et, plus vous aurez creusé, fouillé, pour trouver la racine du mal, plus Mlle Ernestine restera perdue.
C’est ainsi que la lionne de l’arrondissement de Saint-Y… fut déshonorée — par les suppositions des fats et des prudes d’abord, — par la clameur publique ensuite. Tant que la famille Gallet n’avait rien su, la calomnie circulait sous le manteau. Quand le manufacturier s’émut, la province entière se souleva. Il devint de bon ton de ne plus recevoir Mlle Gallet, qui, d’ailleurs, fut tenue au logis par son père. « Elle ne devait, disait-il, reparaître que pour recevoir du monde une sorte d’amende honorable, proportionnée à l’injure. »
Mais, comment anéantir la calomnie ? — En invoquant la loi ? — Il faudrait d’abord saisir le calomniateur ! et puis, quand même on le saisirait, quand même on le conduirait devant les juges, s’appelât-il Légion, qu’en résulterait-il ? — Une condamnation