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renseignements l’énigmatique grand-juge qui s’appelle — on.

Plus mystérieux que les espions du conseil des Dix, plus insaisissable que les gaz qui flottent dans l’air, plus terrible et plus implacable que le choléra-morbus, on se trouve toujours entre deux personnes qui échangent quatre paroles, — on ramasse les accusations qui naissent, comme les truffes et les champignons, sans semence, — on les répand avec une célérité inconcevable, — on prononce l’arrêt sans entendre les plaidoiries. — Et, à quelle ombre fugace et décevante parleraient donc les avocats ?

Vous rencontrez votre voisin de droite qui vous dit, entre autres paroles banales sur la pluie et le beau temps : « À propos… il paraît que Mlle Ernestine… etc. — Ah ! bah ! en êtes vous sûr ? — Je ne sais pas ! On me l’a dit. — Qui, on ? — Ma foi… j’ai oublié… Attendez, je crois que c’est ***. »

Comme, les trois quarts du temps, vous n’avez nul intérêt à la chose, vous ne protestez-point ; et, à l’occasion, vous répétez innocemment à votre voisin de gauche : « … Il paraît que Mlle Ernestine, etc. »

Que si, par hasard, au contraire, le péché ou la pécheresse vous touchent, vous allez demander à *** :