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gence, bien mieux que nous, fiévreux batteurs d’asphalte que les feux d’artifice de l’esprit éblouissent trop pour que nous puissions juger mûrement du fond des choses. Par an, ils échangent une douzaine de visites avec les voisins. Pour leurs emplettes, ils vont quelquefois à la sous-préfecture, que nous pouvons appeler Saint-Y… — Bah ! je puis bien dire que, du haut de leurs belvédères, les habitants de Saint-Y… voient briller les neiges du Mont-Dore. Chacun sait qu’on peut les voir de dix lieues à la ronde.

Les seuls étrangers qui tiennent une certaine place dans l’intimité de la famille, sont le curé du village voisin, la Brousse, et le médecin du chef-lieu de canton, Champré. Quelquefois le jeune vicomte de Messey vient de Saint-Y…, pour faire une partie de chasse avec le marquis. — On en conclut qu’il est le futur mari de Mlle Clotilde.

Mais vous ai-je dit que la famille se composait du marquis de Fayan, de la marquise, de Mlle Clotilde et de son frère Henri ? Ce dernier, depuis trois ans, a été envoyé aux Jésuites de Pont-le-Voy. — Il vient au château de Cladel pendant les vacances, avec son répétiteur, un jeune boursier de Pont-le-Voy, qui, dit-on, se destine à prendre les Ordres.