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— Vous en avez trop dit pour ne pas achever ! reprit le marquis sévèrement.

— Eh bien… Il y a tout à l’heure deux ans… Vous souvenez-vous des crinolines que portait alors Mlle Ernestine ? c’étaient des falbalas, des volants… que sais-je ? Elle fit un petit voyage à Paris, pour sa toilette d’hiver… Et, je ne sais comment, il se trouva qu’à son retour on mit en nourrice, à un quart de lieue de la fabrique de M. Gallet, un joli petit poupon !… Tenez, Mme la marquise, vous devez le connaître, car vous allez souvent aux Écoudelles, chez la Jacquelette.

Mme de Fayan se leva d’un mouvement plus prompt que la pensée, pâle, frémissante et l’œil étincelant :

— C’est une infamie ! dit-elle avec une voix étranglée par la honte et l’indignation…

Fernand de Messey baissa les yeux et balbutia. Le marquis et Henri, étonnés par cette sortie, regardèrent la marquise d’un air interrogateur et stupéfait.

Elle se calma sous ces regards et reprit en peu d’instants l’apparence du sang-froid, tandis que son cœur tremblait. Alors M. de Fayan, s’expliquant l’impétueuse révolte de sa femme par la gravité de l’accusation, ajouta :