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tiste a besoin, pour saisir au passage le reflet de la vie, de voir par instants la lumière s’arrêter aux vives arêtes de la réalité.

Changer l’horizon qui encadre un récit, c’est changer le point de la lorgnette en regardant un tableau.

Ainsi… Mais trêve de préambule ! Lecteurs, au lever du rideau, nous sommes dans un château, et je vous prie de placer ce château où il vous plaira, — pourvu que ce soit entre Dunkerque et Marseille, Besançon et Bordeaux, — point trop près de Paris, mes châtelains n’étant ni des commerçants enrichis que le comptoir a faits seigneurs, ni de ces trop rares privilégiés de l’aristocratie, pourvus d’un hôtel, rue de Varennes, et d’une résidence princière à vingt lieues du boulevard.

Non, ils sont relativement pauvres et vivent toute l’année aux champs dans ce château solitaire, sur son mamelon boisé, au milieu d’une campagne coupée de landes et de terres arables, de roches grises et de prés verts, où serpente une rivière venue des montagnes, et si limpide que l’on voit briller les taches rouges sur les truites qui frétillent parmi les cailloux.

Ils s’y tiennent, ne sachant rien du monde que d’après les journaux et les revues, et, par là même, au courant de tout ce qui agite le domaine de l’intelli-