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— « pour sauver l’honneur d’une femme pieuse et empêcher tout scandale. » — Le scandale prendrait de belles proportions, si l’on allait découvrir cet enfant chez lui ! Je suis sûr que le pauvre homme est dans d’épouvantables transes ! Avec cela que sa servante est curieuse et bavarde, et qu’il n’a pas su s’en débarrasser… »

Le médecin ne put s’empêcher de sourire, malgré la gravité de ses préoccupations, en se représentant, au matin, la servante trouvant son maître avec un poupon dans les bras, et s’évertuant à remplir les fonctions de nourrice, autant qu’elles pouvaient être à sa portée.

— « Allons, se dit-il, le laisser là une heure de plus est une dangereuse imprudence. Maintenant, si je le porte à sa nourrice, comme c’était mon premier projet, comme ce serait le parti juste et simple, si je le porte aux Écoudelles ; — il y a ces terribles traces qui peuvent être suivies par le marquis, d’un côté, par la nourrice, de l’autre…

« L’emmener chez moi ?… — Et ma servante ? Elle est curieuse aussi, et bête surtout, ce qui est le plus dangereux des vices. Et puis, qu’en ferais-je, demain matin ?… Il faut le porter aux Écoudelles, le plus pressé étant de faire disparaître le corps du délit. —