Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que la méfiance est un aveu d’infériorité auquel ne descendait point le gentilhomme.

Quand Françon eut rallumé la lampe, tout dans la chambre avait repris l’aspect du calme ; les rideaux étaient retombés ; le docteur se trouvait assis en face du marquis, à l’autre coin de la cheminée.

— Je suis bien désolé, dit-il, que vous ayez pris la peine de m’aller chercher par un temps pareil, monsieur le marquis. En voyant l’état de la malade, ce matin, je m’étais bien promis de repasser ce soir.

— Le pis, c’est que j’ai été obligé de revenir à pied de Champré ! J’ai laissé mon cheval chez vous, afin que vous pussiez accourir sans retard dans le cas où le vôtre se fût trouvé fatigué.

Le docteur se confondit en excuses et en expressions de regret ; puis il tira sa montre :

— Minuit et demie ! dit-il. Bonsoir, monsieur le marquis ; à demain. J’espère trouver madame de Fayan beaucoup mieux, et je vous ramènerai votre cheval.

— Vous devriez coucher au château. D’abord vous seriez tout porté pour secourir votre malade, au besoin ; et puis, vous éviteriez, par cette nuit sombre et froide, la plus pénible course du monde ! Brrr ! je ne la recommencerais pas de bon cœur, et je vous plains