Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La fille baissait les yeux et roulait entre ses doigts les coins de son tablier, ne trouvant pas un mot à dire, tant elle était confuse. Enfin elle salua avec une grande révérence, et balbutia :

— C’est moi qui suis Françon Germiau.

La marquise devint soudain plus pâle et plus interdite que la paysanne n’était rouge et troublée.

— … Je viens remercier madame la marquise de la bonté qu’elle a de s’intéresser à moi et de m’envoyer à Paris… pour apprendre l’état de femme de chambre, reprit la pécheresse villageoise, d’une voix tremblante. J’espère que je pourrai, par le zèle de mon service, témoigner à madame la marquise toute ma reconnaissance que je ne sais comment dire…

La pauvre fille trouvait difficilement, dans sa mémoire, les paroles qu’elle y repassait pourtant depuis la veille. Elle voulait ajouter quelque chose pour témoigner de sa honte et de son repentir, et cherchait des mots pour s’expliquer, sans révéler sa faute au marquis et sans troubler l’innocence de Mlle Clotilde.

Elle ajouta seulement en se retirant, après une autre révérence :

— Madame, la marquise est bien… bien… charitable !

— Qu’avez-vous donc, ma chère ? demanda tout à