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lussent vous accompagner. D’ailleurs, à Paris, pourriez-vous vivre incognito ? Tout cela ne supporte pas l’examen. Il faut rester ici et cacher votre état.

— Mais cela est plus impossible que tout le reste… mon mari… ma fille… mes domestiques…

— M. Lambert assure qu’il pourra tout dissimuler si vous voulez suivre ses conseils et ne point faire d’imprudence. Il viendra causer avec vous tantôt. — Vous avez un avantage, madame : jamais un soupçon ne vous atteindra.

— Oui, je puis être hypocrite… ma réputation est un manteau qui couvre la honte. Ah ! comme une faute entraîne sur la pente du vice… du crime… C’est un poids qui vous fait descendre d’échelon en échelon… Il y a six mois, jamais je n’avais menti… on n’eût pas trouvé dans mon cœur une pensée dont je dusse rougir. Car, jusqu’à présent, ma bonne renommée n’a point été usurpée ; non, je vous le jure, à vous qui êtes mon pasteur et mon juge… je suis digne de pitié… Avant, je ne pensais pas pouvoir faillir… — Moi, une épouse, une mère, une vieille femme !… — Mais pourquoi, à cette heure dangereuse, Dieu m’a-t-il abandonnée ?

— Madame !

— Oh ! c’est que j’étouffe de honte et de remords,