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curiosité était plus violemment surexcitée que jamais.

La comtesse se disait qu’il fallait absolument éclaircir sa situation. Elle voulait braver à tout prix l’embarras d’un instant, pour sortir de l’horrible perplexité qui la poignait. Mais toute sa volonté demeurait paralysée par la contraction de ses nerfs. Plus elle restait de secondes, muette et consternée devant le jeune artiste, plus elle sentait s’accroître son malaise, et sa rage la rendait plus interdite encore.

Un regard très-expressif du sculpteur, un regard qui présageait une question peut-être impertinente, rendit la situation intolérable. La comtesse balbutia un pénible : « Merci, monsieur, » et s’enfuit en courant.


XLIX


Elle revint à la Spezzia, en proie à une curiosité, à une inquiétude, à une angoisse, enfin, qui l’obsédait tyranniquement. En attendant l’heure du rendez-vous, elle voulait prendre une résolution, et ne pouvait, ni dompter son cœur, ni fixer ses idées. Longtemps, elle se promena dans son salon, s’efforçant de vaincre l’agitation qui lui ôtait jusqu’à l’exercice de ses facultés. Elle s’assit enfin. Un