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vant un compatriote qu’elle ne l’eût été devant un étranger, parlant une langue étrangère. Elle se demanda soudain si cet homme, qui venait de reconnaître sa nationalité à son accent et à sa toilette, — car elle avait parlé italien, — ne lisait pas aussi son secret sur son visage.

Cependant, elle appela toute sa résolution à son aide, et reprit :

— J’ai osé vous demander, monsieur, si vous aviez copié pour cet Apollon une tête connue ?

— Oui, et non, madame ; j’ai interprété, en effet, une tête célèbre dans ce pays, mais fort inconnue ailleurs.

— Ah !… reprit la comtesse, qui ne put empêcher sa voix de trahir une ardente curiosité, par un léger tremblement ; et, puis-je, sans indiscrétion… vous demander le nom de l’original ?

— Pietro.

Et le jeune sculpteur accompagna cette laconique réponse d’un singulier regard.

Mme de Morelay rougit sous ce regard à la fois étonné, interrogatif et railleur. Aucune puissance humaine ne serait parvenue, alors, à lui faire articuler un mot de plus. Je ne sais quelle honte la saisit à la gorge et la rendit muette, tandis qu’au contraire, sa