Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est inutile, on l’admettra quand elle se présentera.

— Sans nom ? sans passeport ?

— La charité ouvre la main et ferme les yeux ; — surtout dans cette digne maison.

La marquise faisait toutes ces questions avec une voix altérée qui s’efforçait en vain de déguiser l’angoisse sous l’indifférence. Et, tout en parlant, elle remuait d’une main fiévreuse l’or et les billets.

— Ah ! dit-elle après un silence, Paris !… grande mer où vont se perdre toutes les hontes !… Ah ! aller à Paris !…

— Seulement, reprit l’abbé Dablin, il faudra qu’elle trouve un prétexte pour partir sans exciter les soupçons… comme par exemple celui d’apprendre un état.

— Ah ! oui, il faut un prétexte : voilà !… — Disparaître ?… est-ce possible ?… — Et si l’on vous découvre après, quel scandale !…

— Françon s’arrangera ! madame la marquise ; et puis, après tout, ces risques à courir sont le châtiment humain qui accompagne toujours la faute…

— Vous avez raison, monsieur le curé. — Ah ! comme on les paye cher… les fautes…

La marquise se leva, parcourut l’église vide d’un