temps de Mme de Morelay ; et, comme elle craignait, par-dessus tout, de réfléchir et d’entendre la voix de la conscience pendant un silence de l’imagination, elle se mit à lire les poëtes italiens ; c’était encore un moyen de s’occuper de son amant, de s’instruire pour lui, de s’élever à lui.
Elle se procura facilement à la Spezzia, Dante, Pétrarque, l’Arioste, etc.
Cependant, les jours succédaient aux jours… et de temps en temps, au milieu de sa folie, la pauvre comtesse sentait au cœur des soubresauts douloureux comme les battements d’une cloche qui sonne le glas. Elle se disait : « Hier, Pietro m’a dit cela ; — avant-hier, telle autre chose… » et comptait avec effroi les jours écoulés…
D’abord, il lui avait semblé faire tenir, dans la courte absence du comte, tout un siècle de bonheur ; elle n’en voulait même pas apercevoir la fin. Mais, maintenant, cette terrible fin lui apparaissait, par instants, comme un abîme à la lueur d’un éclair.
Elle repoussait avec horreur ces visions. Elle s’efforçait de se cramponner à son amant et d’oublier tout le reste dans l’extase de son bonheur. Mais elle n’y parvenait pas toujours.
Pourtant, le septième jour au soir, tandis qu’ils