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frappé, par une sorte d’écho. Mais plus ses tentatives étaient stériles, plus elle y mettait de passion.

« À quoi pense-t-il ? » se demandait-elle avec une ténacité absorbante, lorsqu’il demeurait silencieux auprès d’elle, « Qu’a-t-il voulu dire ou que devais-je lui répondre ? » se répétait-elle durant de longues heures, en se remémorant les phrases de Pietro.

Madame de Morelay cherchait à pénétrer le front si pur et si bien coupé de son amant, pour lire dans sa pensée. Elle osait, parfois, plonger jusqu’au fond des yeux de Pietro un regard interrogateur ; mais ses hypothèses trouvaient toujours mille réponses probables, et pas une seule qui fût décisive ; et ses regards demeuraient en échec devant je ne sais quel miroir brillant, mais sans transparence ni reflet.

Jamais l’esprit de la comtesse n’avait tant travaillé ; si elle eût été moins possédée par son idée fixe, elle se fût étonnée elle-même des combinaisons ingénieuses auxquelles arrivaient ses efforts. Elle trouvait aux paroles de Pietro un sens plus profond et plus subtil que les mystiques n’en trouvèrent jamais aux centons de Pythagore.


XLIII


Mais ces rêveries n’occupaient pas encore tout le