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mon cœur. Ton amour est comme un tourbillon qui a tout emporté. Pourtant je croyais les liens qui m’attachaient à la vie sociale des liens sacrés : Je croyais à mes devoirs, et si quelqu’un eût exprimé le soupçon que je pouvais un jour les trahir, j’eusse protesté d’un cri d’indignation. Ah ! grand Dieu !… Devoirs, affections de famille, liens sociaux, qu’est-ce donc aujourd’hui que tout cela pour moi ? Je cherche dans mes souvenirs, et il me semble, à l’évocation de ces grands mots, voir passer des ombres confuses.

» Un seul être existe pour moi, et c’est toi ; une seule chose m’occupe, l’inquiétude de savoir ce que tu penses de moi. Oui, tu es l’arbitre de ma destinée… Je suis en ce moment, par ton amour, la plus heureuse des créatures mortelles… et d’un mot méprisant ou dur, tu pourrais me jeter dans l’abîme du désespoir…

» Pourtant, il y a peu de jours, j’ignorais jusqu’à ton existence… Tu ne sais rien de ma vie antérieure. Pour moi, je n’ai pas même entendu prononcer ton nom.

» Ton nom ! mon bien-aimé, il doit être célèbre… peut-être sonne-t-il bien haut parmi ceux que la gloire répète… Cependant, je ne veux pas que