Un soir ils étaient assis, tous deux, au bord de la mer ; après quelques mots échangés, ils demeurèrent immobiles et silencieux, la main dans la main.
Où couraient alors les pensées de la comtesse ? — Bien loin, au pays des folles et ardentes rêveries qui dévorent les âmes.
Elle voulut savoir si celles de Pietro s’élevaient du même vol. Alors, dans ce silence aux contemplations infinies, elle jeta quelques paroles, comme elle eût jeté des cailloux aux vagues qui roulaient à ses pieds, pour en entendre le contre-coup…
Il ne répondit pas.
Elle abaissa les yeux vers son amant. Il dormait.
Ce fut un choc qui la ramena vers la terre ; mais aussitôt elle s’accusa :
— Je l’ennuie, se dit-elle ; peut-être parce que je ne sais rien lui dire, croit-il que je ne saurais pas le comprendre… Et comment, en effet, devinerait-il que j’ai une âme vive et passionnée, une intelligence capable de suivre la sienne ? Qu’ai-je fait autre chose que lui prouver que je suis une femme sans vertu ?
Toutes ses craintes reparurent. Son bonheur si vif quelques instants auparavant, fut empoisonné par cette idée qui ne la quitta plus et lui rongea le cœur : « Il me méprise. »