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mer et la dorait de ses rayons enflammés. Il fallait songer au retour. Mais la comtesse ne pouvait se décider à rappeler sa raison obscurcie, et à dire à son batelier : « Retournons à la Spezzia ! »

N’était-ce pas se dire à elle-même : « Allons ! assez de rêveries séduisantes et coupables !… reviens à ton devoir… à la froide chambre d’hôtel, à tes malles bouclées pour le départ… au voiturin qui t’emmènera demain… »

Le cap fut doublé comme le jour baissait. Une végétation splendide succéda aux rochers, et la barque approcha du rivage, vers une anse abritée sous les lauriers-roses.

Au moment d’aborder, la comtesse releva les rideaux, se tourna vers le marinier, et l’appela pour lui demander où il la menait.

Mais la parole expira sur ses lèvres. Ce fut Pietro qui jeta les rames et lui répondit.


XXXVII


La nuit s’avançait lorsque la barque quitta les rives de Borghetto, pour reprendre la direction de la Spezzia. La nature entière dormait, et le clapotement des rames sur la mer, le saut d’un dauphin au