sous leur aile pour se soustraire aux regards des chasseurs ou pour attendre le coup mortel.
Mais, lorsqu’elle fut à une distance d’où elle put voir sans être vue et découvrir d’un même regard la promenade et la ville, la comtesse osa jeter les yeux vers la terrasse.
— L’ombre des chênes verts était bien épaisse… Les promeneurs étaient nombreux. Elle ne vit rien… qu’un banc vide… ; et son cœur battit pourtant.
Elle s’accouda sur l’un des appuis de la tente, vers la poupe, tira de son carnet les vers qui enveloppaient sa fleur de laurier encore fraîche, et se mit à relire le sonnet et à contempler la fleur en envoyant vers la rive les plus ardents regrets. Bientôt, de rêve en rêve, sa folie lui revint tout entière. Elle s’y abandonna de nouveau, se promettant bien de reprendre, en touchant terre, sa raison et son énergie…
« Pourtant, se disait-elle, si pour moi, au delà de cette mer bleue et profonde, il n’existait pas d’impérieux, d’imprescriptibles devoirs…
» Qu’est-ce donc que les liens sociaux lorsque l’on est ainsi loin du foyer, de la patrie même… entre le ciel et la mer ?… deux infinis !… — Ne semble-t-il pas que ces liens, si forts, sont de convention et non point réels ? Le vrai c’est d’aimer… d’être aimée ; tout