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la baie, car la mer était si unie et si calme qu’elle semblait un miroir de cristal.

Elle se demanda enfin pourquoi elle n’irait pas aussi se promener en mer… « Là, se dit-elle, je n’ai point à craindre sa rencontre ; j’aurai bien vite traversé la berge et gagné la barque… »

Elle pensa d’ailleurs que Pietro devait être sur les terrasses comme les jours précédents.

L’envie la prit de revoir, de loin, l’ensemble du pays où elle allait laisser son cœur ; elle se dit que cette soirée cruelle en serait abrégée… que le charme de la rêverie, sur cette belle mer, changerait ses regrets désespérés en mélancolie… qu’elle jouirait une dernière fois du bonheur de s’abandonner à sa passion sans craindre pourtant les faiblesses dangereuses, puisqu’elle serait à l’abri des attaques.

Soudain elle se décida.

— Vous m’accompagnerez, dit-elle à sa femme de chambre ; je vais aller faire une promenade en mer.

Mais la femme de chambre s’en défendit. Elle avait peur de l’eau… Elle allait déjà avec bien de la peine sur les grands vaisseaux et suppliait Mme la comtesse de ne point la contraindre à monter sur une de ces petites barques qui sont si fragiles… etc.