Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/265

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tête et regarda l’étranger qui seul demeurait à côté d’eux. Elle comprenait que le moment d’avoir du courage était venu, et elle ne pouvait cependant prendre sur elle de donner le signal du départ. Enfin, le comte tira sa montre, et dit :

— Il est onze heures.

— Rentrons ! dit-elle.


XXIX


Ils reprirent le chemin de l’hôtel ; la pauvre femme suivait cette fois les pas de son mari et ne les dirigeait plus. Elle marchait en pleurant, et pourtant ! Elle sentait encore celui qu’elle aimait auprès d’elle…

« Grand Dieu ! je ne le verrai plus !… se disait-elle le cœur brisé de désespoir… C’est fini… fini… »

Et, déjà, en le cherchant des yeux, elle le distinguait à peine parmi les arbres et sous les grandes ombres qu’ils projetaient.

Comme elle descendait sur la plage, il reparut à côté d’elle, tendant une branche de laurier-rose…

En cet instant justement, deux jeunes mendiants se précipitèrent au-devant du comte en criant leur psalmodie de misère ; il quitta le bras de sa femme et chercha quelque monnaie pour les satisfaire.