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que ou une question ; mais les réponses qu’il obtenait étaient rares et brèves. Il se mit à regarder le paysage et à penser seul.

Quant à la comtesse, elle regardait aussi le paysage ; mais c’était pour en fixer le souvenir dans sa mémoire comme celui d’un mirage enchanteur. Elle voulait en faire le cadre splendide de son amour d’un jour.

Les accidents des montagnes, les poétiques ombrages des vallées, les anses abritées, où la mer, transparente jusqu’au fond, formait comme des baignoires mystérieuses, les plages gazonnées sur lesquelles venaient mollement s’échouer les vagues, lui faisaient comme des points de repère qui devaient lui servir un jour à reconstruire, par la pensée, ce décor du bonheur.

Et, loin de repousser les pensées dangereuses, elle les accueillait… elle les caressait…

« Je pars demain, qu’importe ! » se disait-elle.

Ils arrivèrent. La Spezzia parut alors à la comtesse un coin du paradis oublié sur la terre. C’est là qu’elle l’avait vu… Sur cette promenade, elle avait croisé son regard avec le regard amoureux du jeune poëte… Le long de ce chemin il avait marché près d’elle… enfin, au pied de cette fenêtre, la nuit, il avait chanté… « Reviendra-t-il y chanter ce soir ? » se demanda-