Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/250

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La voiture allait lentement, tantôt montant les rampes escarpées qui pourtournent les Apennins, tantôt descendant jusque sur la plage, et si près du bord, que les courtes vagues de la Méditerranée venaient en laver les roues.

Cette fois, le voyage était silencieux. La comtesse ne trouvait rien à dire, et toute son attention suffisait à peine à dissimuler, sous une sorte de somnolence, les émotions de son cœur.

L’orgueil et la terreur se disputaient alors ce cœur tourmenté. Elle se disait : « Il est beau comme un dieu… il chante… il est poëte… il est statuaire… » En même temps elle tremblait, car elle sentait le danger et elle ne pouvait plus réprimer le vertige qui, depuis la veille, la conduisait d’étape en étape jusqu’à la passion. « Il a surpris mon admiration dans mon regard !… » pensait-elle, en se rappelant avec confusion la preuve involontaire qu’elle lui avait donnée de sa faiblesse… « Il croit que je l’aime, peut-être !… — Mais c’est vrai ! » cria soudain la voix de la conscience.


XXI


Cette découverte la laissa consternée. Elle eut un moment de stupeur. Puis, rappelant avec énergie