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flétrir, dorait de reflets chauds, comme les beaux fruits en prennent au soleil.

Ce jour-là, elle portait une robe de soie noire, une mantille de même étoffe, — cette mantille droite, à capuchon bordé d’une garniture plissée que portaient nos aïeules, que nos paysannes du centre de la France font en indienne, et que la mode nous conserve sous des noms différents, comme tous les vêtements nécessaires.

Le capuchon relevé entourait sa tête d’un cadre sombre qui donnait plus d’accent encore à l’impression douloureuse de sa physionomie. On eût dit un masque tragique. Sa main longue, fine et blanche soutenait cette tête chargée d’une pensée dévorante. Il faisait un peu froid, et de temps en temps, un frisson parcourait son corps et venait attester la vie. Elle serrait alors sa mantille par un instinctif mouvement des épaules, et la masse noire que formait au bord d’un talus, sous un chêne, entre les genêts, l’ensemble de sa personne, en prenait des lignes plus rigides.

Il semblait que si elle avait pu répandre un torrent de larmes, elle eût éprouvé un allégement à la souffrance qui tendait violemment ses nerfs. Mais les larmes n’apparaissaient pas dans ses yeux ardents et fixes. Ce n’était point la douleur, le chagrin, une