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Après avoir contemplé quelque temps les belles lignes des montagnes, le travail des mineurs, et après avoir remarqué que la forme donnée aux blocs par le hasard des détonations de la mine déterminait bien souvent leur destination, le comte et la comtesse se laissèrent conduire par leur voiturin à la ville de Carrare pour s’y reposer pendant la forte chaleur du jour.

Mais, tandis que les chevaux et le cocher faisaient la sieste à l’albergo dell’ Aquila nera, M. et Mme de Morelay parcoururent cette ville blanche, où les édifices publics, les maisons, les murs de clôture, les pavés, le cailloutage même qui macadamise le sol, tout est en marbre statuaire. Ils allèrent voir le dôme, le théâtre, et jeter un coup d’œil dans les ateliers qui s’ouvrent à tous venants sur les rues.

Là, ils admirèrent des vierges, des christs exécutés avec une habileté de main extraordinaire ; ici des statues gracieuses, copiées sur l’antique ou sur les œuvres contemporaines les plus célèbres ; ailleurs, des vases ornementés avec une richesse prodigieuse ; des fruits rendus avec perfection et coloriés à la cire ; enfin des groupes, des statues, des bas-reliefs gigantesques, sculptés pour la première fois par des artistes illustres de France et d’Italie.