Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.

» appeler ma dame, et mes pleurs, et mes cris et mes
» vagues désirs !

  » Et bénis, encore, les vers qu’elle m’inspire et où
» sans cesse je la chante sans me plaire à plus rien
» autre ! »


« C’est charmant ! » se dit-elle, rouge et confuse.

Puis, comme une chatte qui veut s’assurer que personne ne la guette, avant d’effleurer de son museau rose une jatte de crème, elle regarda de nouveau autour d’elle, et, quand elle fut bien sûre que nulle porte n’était ouverte et que les jalousies ne s’écartaient pas trop, elle les relut et les glissa dans sa poche.

« Je les brûlerai ce soir, pensait-elle, et, si je trouve le poëte sur mon chemin, je le regarderai de telle sorte qu’il aura moins d’audace. »

— Madame, la voiture est prête et monsieur attend, vint dire la femme de chambre.

— Allons ! s’écria la comtesse de Morelay en descendant d’un pas léger les vastes et longs escaliers de la locanda dell’ Europa.

Au milieu de l’escalier, elle rencontra l’inévitable moine mendiant des auberges italiennes. Elle lui jeta une pièce d’or.