Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/220

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il ne chercha pas à ranimer la conversation et demeura, aussi, perdu dans un silence contemplatif.


VI


Pourquoi la comtesse leva-t-elle tout à coup la tête et fixa-t-elle sur un point rapproché ses regards vagues et errants jusqu’alors ?

Pourquoi ?… — Qui le sait ?… Faut-il croire au hasard ? à la fatalité ? à l’influence des sympathies ? au pouvoir de certaines volontés sur d’autres ? au perfide appel de l’Ange des ténèbres ?

Toutefois ses yeux s’arrêtèrent sur un jeune homme qui était assis à trois pas d’elle et s’appuyait au tronc d’un vigoureux chêne vert. Il se détachait en silhouette sur le ciel et la mer, et recevait sur les contours de ses cheveux flottants les derniers reflets du soleil.

Elle rougit, car les regards de ce jeune homme étaient évidemment dirigés vers elle ; mais elle ne se détourna pas soudain, car jamais l’expression d’un visage humain ne l’avait autant frappée.

L’inconnu était beau comme Antinoüs, et jeune comme lui, car il pouvait avoir vingt ans, vingt-deux ans au plus. Sa taille paraissait élégante et bien