Quelques barques errent sur le golfe, ramenant des pêcheurs ou conduisant des touristes vers la source d’eau douce qui jaillit de la mer. On entend sur la plage les appels des mariniers et les cris joyeux des enfants, et, du côté de la ville, les cloches qui sonnent l’Ave Maria. De temps en temps, sur la mer unie et bleue, un dauphin saute entre les barques et envoie une cascade de gouttes d’eau aux visages des bateliers ou des promeneurs. Quelques lumières hâtives apparaissent du côté de la ville, quelques étoiles brillent au firmament.
III
Le comte et la comtesse se laissent aller à ce charme délicieux, qui règne dans toute la nature et fait si bien comprendre le dolce far niente des peuples aimés du soleil.
M. et Mme de Morelay ne sont point des amants qui font l’école buissonnière, ni de jeunes époux qui promènent, en Italie, le premier quartier de leur lune de miel. Ils ont, l’un et l’autre, passé les plus belles années de la jeunesse et les printanières ivresses de l’amour. Le comte a quarante ans sonnés ; la comtesse a bien trente ans, quoiqu’elle soit, en ce moment, resplendissante de fraîcheur et de beauté.